Jouissez !
De gauche à droite et de haut en bas : Jeanne Moreau, Jean Gabin, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Bourvil et Louis de Funès.
Nous vivons une drôle d’époque.
Nous avons oublié l’essentiel : la jouissance.
Jouir de vivre, jouir d’être avec des amis, jouir de faire l’amour, jouir d’être vivant, jouir d’être avec les enfants qu’on aime.
De ce mot-là vient réjouir. On se RÉ-jouit, c’est-à-dire qu’on jouit encore une fois.
Mais nous l’avons oublié. Nous l'avons oublié car aujourd’hui, il faut se flageller. Nous sommes en train de revenir aux temps des romains, à tous nous prendre pour des Jésus, à porter la croix et les pêchés du monde, et à se dire que l'existence n’est faite que de souffrances jusqu'à une inéluctable fin.
Mais à souffrir et souffrir encore, c’est peut-être qu’on persiste dans l'erreur. Car un malheur qu'on connaît est toujours plus sécurisant et confortable que l'inconnu et l'audace qui nous permettraient de nous en sortir. Et à force de se complaire dans l'aphatie et le tourment, le souvenir même d'un bonheur possible s'efface dans notre esprit.
Pourtant, ce n'est pas parce que nous ne le voyons plus que ce bonheur n'existe plus. Il est accessible ce bonheur, on peut l'atteindre dès lors qu'on se lève et qu'on bouge ! Alors qu’attendons-nous pour être heureux et jouir, non d’un chien ?
Les Cassandre vont vous dire qu’il ne faut pas rigoler.
Aujourd'hui, quand une blague un peu grasse est dite par un humoriste ou un animateur télé, tout le monde lui saute dessus.
Mais est-ce que ceux qui lui sautent dessus savent ce que c’est que la jouissance ? Sont-ils dans une telle pauvreté sexuelle qu’ils ne supportent pas qu’on en parle ?
N’oubliez pas : un homme affamé se ruera davantage sur un cassoulet que sur le menu du Fouquets. Comment peuvent-ils comprendre la subtilité des mécanismes d'une histoire salace – qui ne constitue à aucun moment l'apologie de quoi que ce soit ?
Faut-il leur expliquer, à ces enfants aux corps adultes que c'est justement l'outrance qui produit le rire – par le contraste entre une situation donnée et l'exagération de la réaction ?
Alors, mesdames, messieurs, pensez à jouir. Avec votre langue, avec votre ventre, avec vos yeux, avec votre sexe. Voyez le monde tel qu’il est et pas tel qu’on veut vous le montrer. Trouvez la beauté. Jouissez du bonheur d’être vivant. Jouissez de la vie. Jouissez de vous-même et de ce qui a été crée.
Lucile et Camille Desmoulins et leur bébé Horace.
Portrait de famille (artiste anonyme XVIIIe siècle).
Arthur de la Rivaudière (2019-11)