Journal de France

Paroles libres de français

L'Honneur perdu de Dupond-Moretti

Quelque part, en France, sur un plateau de télévision...

Audrey Crespo-Mara :
— Si on vous proposait un poste de ministre de la Justice, vous l'accepteriez ?
Eric Dupond-Moretti :
— Non mais personne n'aurait jamais l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela, et, euh, moi franchement je n'accepterai jamais un truc pareil. »

Dupond-Moretti garde des sceaux

Me Dupond-Moretti, à vos débuts, j'ai cru retrouver en vous un Maître Floriot, j’ai cru retrouver en vous Maître Isorni ; autrement dit, je pensai avoir affaire à un homme et un avocat exceptionnel. On vous appelait et on vous appelle Acquittator tellement votre talent est grand. La plaisanterie qui courait sur vous était la suivante : « à quoi sait-on que l’accusé est coupable ? c’est quand il prend comme avocat Dupond-Moretti. »

Vous, le nordiste ; vous, le petit-fils d’immigré italien, c’est vrai que vous étiez une personne pour qui j’avais une haute estime.
Oui, maître Dupond-Moretti, j’ai été fan de vous. Et puis, la renommée venant, la gloire venant, l’argent tombant dans les caisses vous ont fait tourner la tête. Au cours d’une émission de télé, vous avez déclaré : « [Moi ministre], je n'accepterai jamais un truc pareil, non. C'est pas mon métier. » Un peu avant : « Vous voulez que je vous le signe ? » Et vous avez fait semblant de prendre un stylo. (1, 2)
Vous imaginez, maître Dupond-Moretti la preuve que cela pourrait être, imaginons, devant un tribunal ?

Qu’êtes-vous allé faire avec Macron, monsieur Dupond-Moretti ?

Vous le disiez si bien pourtant, toujours sur ce même jour, sur ce plateau de télévision où vous affirmiez ne pas vouloir vous rapprocher de ce monde-là :
« Faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique ! D'abord, il faut être d'accord avec tous les copains du gouvernement auquel on appartient soi-même. Faut manger son chapeau de temps en temps,... non c'est une discipline, c'est un exercice, j'en ai pas les compétences et puis hum... non, non, pas du tout, j'aimerais pas faire ça. »

La gloire vous l’aviez, l’autorité vous l’aviez, mais visiblement cela ne comblait pas vos désirs. Être ministre, cela voulait peut-être dire arriver au sommet... Eh oui, monsieur Dupond-Moretti, vous êtes arrivé au sommet. Au sommet d’une déception monumentale, si bien que les gens qui vous ont admiré et qui vous suivaient ne vous suivent plus. Comment peut-on appartenir encore à un gouvernement dont on voit, depuis le début, que c’est un véritable désastre ?
Benjamin Grivaux, le tireur fou ; François de Rugy invitant des journalistes à manger du homard et faisant de la salle à manger du Sénat un endroit de libation ; et vous, droit dans vos bottes, vous allez ferrailler dans le nord tel Don Quichotte.

Revenez sur terre, monsieur Dupond-Moretti. Vous savez, la fréquentation trop poussée des chasseurs ne vous aide pas dans votre développement intellectuel.
Cessez de vouloir être ce que vous croyez être et redevenez ce que vous êtes réellement. Vous vous êtes perdu, monsieur Dupond-Moretti ; revenez aux basiques, cela ne pourra vous faire que du bien. Abandonnez ce gouvernement, vous allez traîner toute votre vie le temps que vous avez passé comme Garde des Sceaux. Vous qui ne vouliez pas avaler les couleuvres que nécessite un engagement politique, avez-vous eu votre content ?

On dit garde des sceaux ; moi je dirais plutôt garde des sots.

Pour vous, vous devez croire que vous avez réussi en étant ministre ; pour des gens comme moi, vous avez échoué et vous avez perdu votre honneur à vouloir défendre ce qui est indéfendable.

Sachez simplement que vous faites fausse route et qu’un jour ou l’autre vous regretterez votre comportement. Ça veut dire quoi de s’affronter avec quelqu’un du RN à la terrasse d’un café ? (vif échange entre Dupond-Moretti et Damieu Rieu)
Vous étiez ridicule ce jour-là ; en vous excusant que votre montre n’était pas une rolex.

Et maintenant, vous voilà mis en examen pour prise illégale d'intérêts. Vous qui avez quitté le barreau, risquez de vous retrouver derrière – même si nous savons que cela n'arrivera pas car "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".

Reprenez-vous, Dupond-Moretti, vous valez mieux que cela.

Juillet 2021 par Arthur de la RivaudièreArthur de la Rivaudière