Débat Présidentiel 2022 - ces phrases que j'aurais voulu entendre
Macron a esquivé tous les débats du premier tour. Cette rencontre était donc l’occasion — enfin ! — de le mettre face à son bilan. Mais la candidate face à lui s’est montrée trop douce, au point qu’on en regrette la présence, à sa place, d’un Zemmour, d’un Mélenchon ou d’un même d'un Poutou.
Voilà donc, sous forme de tirade, certaines choses que moi, et sans doute vous aussi, aurait aimé entendre lors de ce débat présidentiel.
M. Macron, votre slogan dit « Nous tous », mais vous avez gouverné pour les 1% les plus riches, vous voulez continuer, et vous le savez. Sous quel mandat a-t-on vu des étudiants désargentés faire la queue aux centres de distribution de nourriture, ou subir un désespoir si insupportable qu’on a vu augmenter chez eux le taux de suicide ? C’est glaçant, M. Macron, et c’est sous votre mandat, que cela s’est produit (source)
C’est sous votre mandat aussi, dites-vous, qu’on a vu le taux de chômage baisser. Mensonge, là aussi, et vous le savez. Une fois de plus, il ne s’agit que de manipulation des chiffres correspondant en réalité à la radiation des chômeurs. Vous êtes entré en guerre contre ceux qui portent ce statut jugé infamant, plutôt que de vouloir réellement les aider à retrouver un emploi. Et si vous considérez que l’ouverture désespérée d’une auto-entreprise pour sortir la tête hors de l’eau soit une réussite, c’est que vraiment vous n’avez rien compris au quotidien des Français. La multiplication des auto-entreprises n’est pas une réussite, M. Macron, c’est l’illustration d’une précarisation galopante. Et vous le savez.
Ah, mais vous avez le fantasme d’une France startup, d’une France des gares où l’on croise « les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. » (source). Ce sont vos mots, là encore, M. Macron. Mais voyez-vous, M. Macron, quand on n’a pas eu la chance d’être poussé dans sa carrière par Alain Mincq et Jacques Attali, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un travail payé plusieurs millions d’euros. Les Français qui vivent le quotidien doivent se battre, M. Macron, et vous feignez de les aider en leur tendant une main secourable alors même que vous leur avez tiré l’échelle du fossé dans lequel vous les avez plongés et dans lequel vous comptez les enterrer.
Un exemple simple : d’un côté vous supprimez la taxe d’habitation — une mesure dont tout citoyen peut se réjouir lorsqu’il voit diminuer sa feuille d’impôts, et qu’il retient donc facilement — et de l’autre, vous augmentez le foncier pour les propriétaires, et ceux-ci répercutent à leur tour cette charge sur les loyers que paient les locataires (source) ; de sorte qu’à la fin, on croit y avoir gagné alors que tout le monde y a perdu — tout le monde sauf vous. C’est ça, le fameux en même temps macronien. C’est toujours comme ça. C’est… de la manipulation des foules, toutes sortes de choses auxquelles vous avez été entraîné, c’est votre ancien directeur de banque qui le dit (source). Vous savez parfaitement raconter de belles histoires pour endormir les gens, vous avez été dressé à ça, vous êtes un illusionniste. Vous partagez d’ailleurs avec cette profession un goût prononcé pour la poudre de perlimpinpin et le maquillage puisque je rappelle votre budget maquillage avoisinant les 10 000€ par mois (source). Ça fait beaucoup pour un peu de fond de teint, vous ne croyez pas ?
Beaucoup ont voté pour vous au prétexte que vous avez sorti l’argent magique durant la crise du covid pour sauver les restaurants et les entreprises. Encore une fois, les Français qui, effectivement, n’ont pas votre culture de l’argent, n’ont pas saisi votre tour d’illusionniste, ni qu’ils étaient les dindons de la farce. Car cet argent magique si gracieusement distribué, il se répercute sur l’inflation, où tout a augmenté, jusqu’aux produits de première nécessité. Remplir son chariot de courses et payer son électricité ou son gaz n’a jamais coûté aussi cher, M. Macron, et c’est sous la fin de votre mandat que ça se passe. Mais effectivement, là encore, on se souvient du chèque de 100€ gracieusement alloué une fois, pas du fait que la vie coûte tous les mois 50 à 100€ plus cher répartis sur toutes les dépenses de chaque foyer.
Et une autre petite chose, tiens. Cette formule d’argent magique, vous souvenez-vous de son origine ? Oui, c’était quand vous disiez qu’il n’y en avait pas, d’argent magique, pour les hôpitaux (source). C’était avant la crise du covid, les hôpitaux étaient déjà exsangues et vous leur avez refusé cet investissement qu’ils vous demandaient. Et pendant la crise du covid, en même temps que de dépenser une fortune pour faire déplacer des patients en hélicoptères dans de piteux camps de fortune, vous mettiez des soignants à pied ou au chômage et fermiez davantage de lits d’hôpitaux. Mais les hélicoptères, ça faisait sans doute de belles images, n’est-ce pas ? Après tout, vous aimez bien les photos, et vous aimez les mises en scène. Toujours l’illusion qui crève les yeux.
En parlant de yeux crevés, vous demandez aux français de vous faire confiance, mais en même temps vous commandez des camions de 60 tonnes pour réfréner les manifestations dont vous savez pertinemment qu’elles reprendront si vous êtes réélu. Visiblement, vous n’avez donc pas pour les français la même confiance que vous leur demandez.
Je rappelle, moi, que votre mandat a été d’une violence inouïe. Je rappelle qu’on a vu du sang versé, des yeux crevés, des mains arrachées et des morts au balcon, toutes sortes de choses qu’on aurait pu s’attendre à voir sous un gouvernement d’extrême-droite, on les a vues sous le vôtre, d’extrême-centre.
Le chaos des manifestations gilets jaunes réprimées aux LBD, le chaos de ces étudiants mis à genoux les mains sur la tête, le chaos de cet homme, Alexandre Benalla, qui frappe un manifestant en usurpant la fonction de policier, puis échappe à la justice — comme une sorte de milice privée. Toutes ces choses contre lesquelles vous nous mettiez en garde si l’extrême-droite venait au pouvoir, on les a vues sous le vôtre, d’extrême-centre.
Mais l’êtes-vous vraiment, M. Macron ? vous qui, déjà avant votre mandat, travailliez sous un gouvernement de gauche en disant ne pas l’être. La glissade à tribord semble, chez vous, vertigineuse.
Vous accusez le Rassemblement National d’être en rapport avec la Russie, je ne vois pas en quoi cela serait un défaut, surtout vues les circonstances actuelles. Avoir l’opportunité de dialoguer un président en guerre dans l’espoir de le ramener à la paix, ne serait-ce pas plutôt une qualité, M. Macron ? Cela assurerait à Marine Le Pen, en tout cas, d’être mieux considéré et mieux traité que vous, lors de votre dernière visite en Russie où le président Poutine a envoyé des signaux protocolaires flagrants du plus grand mépris à votre sujet. Et n’essayez pas de nous faire croire qu’il s’agissait de mesures de protection par rapport au Covid ; en langae diplomatique, ce qu'il vous a fait est une humiliation et vous le savez.
Quant aux ukrainiens, vous ne me ferez pas croire que vous les protégerez mieux que moi. J’aimerais vous informer, M. Macron, qu’ils ont été scandalisés par votre attitude au point de développer un nouvel adjectif : macronete, pour définir une personne qui se met en scène pour montrer son inquiétude, mais qui en réalité ne fait rien (source).
Mais ce mépris que vous récoltez tout à la fois du président Poutine et du peuple ukrainien, M. Macron, n’est qu’un juste retour de bâton, pour vous qui avez eu, à l’encontre du peuple français, une chaîne de mots acerbes, de gestes déplacés, de critiques faites depuis l’étranger. Un pays, M. Macron, c’est comme une grande famille. Et une des règles fondamentales de la famille, c’est qu’on lave son linge sale entre nous, pas à l’extérieur. On ne traite pas les Français de gaulois réfractaire depuis le Danemark, par exemple (source). Et on ne dit pas « ce peuple » avec un tel geste de mépris, ; comme si on balayait une vilaine poussière de la main. C’est par ce genre de gestes spontanés ou de mots déplacés qu’on reconnaît les véritables pensées d’un homme, M. Macron, car l’illusion, parfois, craque sous le vernis.
Je pourrais parler de bien d’autres choses vous concernant, mais la mémoire me manque et il se fait tard.
En l’espace de cinq ans, vous avez accumulé les crasses au point qu’il devient difficile de se souvenir de toutes et sans doute faudrait-il plusieurs livres pour les compiler ; notamment un juste sur votre gestion désastreuse de la crise du covid et les humiliations terribles que vous avez infligées aux français — les mesures de coercition que vous avez prises durant cette période dépassant de loin toutes les projections orwelliennes qu’on aurait pu se faire... Non, vraiment, impossible de dresser la liste de toutes vos malveillances et de leurs conséquences sur les français de toutes les générations et de toutes les conditions sociales — très riches exceptés ; le temps alloué à ce débat n’y suffirait pas.
Je me demande d’ailleurs : cela participe-t-il aussi d’une technique de manipulation, M. Macron ? il y un mécanisme de survie psychologique qui s’appelle la sidération et qui permet de ne pas devenir fou lorsqu’on est témoin ou victime d’une grande violence. Je crois que vous avez mis le peuple français en état de sidération, M. Macron.
Je veux simplement vous rappeler, et rappeler à mes concitoyens, combien votre mandat fut désastreux. Car, M. Macron, vous leur avez infligé, vous nous avez infligé, à tous, un mandat d’une violence sociale et économique jamais vues sous la 5e République.
J’ai peur d’imaginer ce que pourrait donner un mandat de plus sous votre joug, vous qui projetez déjà, avec cette arrogance caractéristique, de repasser au septennat, et peut-être qui sait, de faire sauter la limite de deux mandats présidentiels… il y a, de l’autre côté de l’Europe, un président en guerre qui n’en ferait pas moins.