C'Était mieux avant, vraiment ?
À les entendre parler, on finirait par y croire vraiment, à en être absoluement sûr, que, oui, sans l'ombre d'un doute : « c’était mieux avant. »
Avant, la vie était douce.
Avant, les enfants savaient écrire.
Avant, il faisait bon vivre en France.
Avant, tout était calme.
Avec le temps, la mémoire efface beaucoup de choses.
Et si on parlait d’avant ?
1954, la France meurt de froid. Les gens meurent dans la rue car ils n’ont pas de logements et l’abbé Pierre lance son fameux appel. Les choses s’arrangent lentement.
1955, on envoie des jeunes de 20 ans, les "appelés du contingent", se faire tuer en Algérie.
Mais à part ça, tout était mieux avant.
1962, les pieds-noirs arrivent d’Algérie. Les réfugiés espagnols arrivent aussi d’Algérie et d'Espagne. Ils sont reçus pires que des chiens. On leur fait payer des loyers à prix d’or.
Dans la foulée, on lance la construction de milliers d’immeubles et de barres HLM.
Elles étaient d’ailleurs assez exceptionnelles, parce qu’au 4e étage, on pouvait jeter nos déchêts dans le vide-ordures et ainsi on ne voyait jamais les poubelles.
Les années 60 sont marquées par des salaires très bas, avec des ouvriers payés tous les 15 du mois, et où une personne venait chaque mois avec une sacoche énorme donner de l’argent liquide. Ça s’appelait et ça s’appelle toujours : les allocations familiales.
Un pantalon coûtait 40€, la grande distribution n’existait pas. Les voitures étaient hors de prix, et qu’on le veuille ou pas, la misère était là, et ce n’était pas simple de boucler les fins de mois, surtout que le grand patronat avait trouvé les moyens (surtout dans l’est de la France) d’avoir ses propres magasins.
À part cela, n’oublions pas les enfants français de souche qui faisaient des cadeaux à l’instituteur et ce racisme ambiant dans les salles de classes, où les français de souche détestaient ceux qui étaient italien, espagnol, polonais ; où les français de souche faisaient bloc entre eux.
C’était l’époque où il était décidé que les enfants d’immigrés seraient des travailleurs manuels.
Quant aux français, ils n’auraient que du travail intellectuel, notamment de bureau.
C’est aussi à cette époque qu’on faisait venir des noirs et des arabes pour ramasser les poubelles à Paris. Il y a d’ailleurs une très belle chanson de Pierre Perret à ce sujet.
Arrive mai 1968, une sorte de révolution...
Pour savoir à quel point l’ouvrier a été exploité, il faut savoir que le SMIC a été augmenté de 30% et que, du jour au lendemain, l’ouvrier pouvait enfin vivre.
Mais sinon, c’était mieux avant.
photo issue du film "Samedi Noir"
Et à peine les ouvriers commençaient-ils à vivre confortablement, qu’arrive 1973 : la crise du pétrole, puis le rationnement.
N’oublions pas qu’à cette époque là, à la télé, on éteignait les lumières pour montrer qu’il fallait économiser l’énergie. Déjà... C’est l’époque où on construit les centrales nucléaires, pour avoir de l’électricité soi-disant moins chère.
Roger GICQUEL donne l'exemple et demande aux téléspectateurs d'éteindre toutes les lumières inutiles.
C’est l’époque où la construction déborde.
Tout doucement, on arrive à l’année 1975.
L’année 1975, c’est le summum de la cigarette. C’est là où l’on a fumé le plus en France, avec les conséquences et les scandales à venir que l'on sait.
Quelques années passent et arrive 1981, avec Mitterrand qui commence à enterrer la sidérurgie, les grandes sociétés qui ferment, les licenciements massifs.
Mais vraiment, oui vraiment, c’était mieux avant.
Il fallait que le peuple soit content, alors on lui disait qu’un nouveau monde allait s’ouvrir – avec un mot magique : l’informatique.
Les robots allaient travailler à notre place, et nous allions pouvoir rester à la maison.
Fallait bien lui donner des raisons d’espérer, au peuple…
Sous Mitterrand, donc, les sociétés ferment, et cela continue sous Chirac, et l’on fait rentrer dans la tête des gens qu’il n’y a plus d’espoir, que tout va mal.
On commence à parler de la dette, la terrible dette que les français doivent rembourser pour éviter que le pays ne court à la banqueroute.
Et au lieu d’avoir des grands hommes politiques, on a des petits bras qui n’ont pour seule ambition politique que de gérer la misère.
Les français se payent le luxe de mettre Nicolas Sarkozy président, puis François Hollande président. Et depuis 3 ans – la cerise sur le gâteau – Monsieur Emmanuel Macron président.
Non, ce n’était pas mieux avant.
Le monde n’a pas changé.
Disons que l’aiguille a basculé.
Les français prenant les étrangers pour des imbéciles, sont aujourd’hui traités comme tel par ces mêmes étrangers.
Ça doit leur faire drôle, quand même.
Le temps passe, nous commettons les mêmes erreurs, et allons toujours dans le même mur, inlassablement.
On est dirigés avec la tête, mais pas avec le cœur.
La preuve : les français ont cru que Barack Obama était leur président ; parce que celui-là leur plaisait.
Je me rappellerai toujours de cette une d’un magasine quelconque – Le Monde ou peut-être L’Express – qui titrait crânement en 2008 : « LA FRANCE VOTE OBAMA »
Aujourd’hui, à la tête de ce pays : on a des imitateurs de grands hommes politiques. Mais ce n’est pas un problème, puisque c’était mieux avant.
Aux prochaines élections, à 20 heures, on verra les débats : « il y a trop d’abstention, trop de voix pour le RN… » C’est simple : il suffit de prendre les discours d’il y a 30 ans. Ce sont quasiment les mêmes.
Mais on vous l’assure, c’était mieux avant.
Alors que faire ?
Vous qui lisez ces lignes, vous pouvez vous dire « il parle, il parle, il parle... Mais que peut-on faire ? »
Il n’y a pas 36 solutions. Essayons tous les jours de faire quelque chose de positif. De dire bonjour à la personne âgée, un mot gentil au bébé, se préoccuper de son voisin, surtout si ses fenêtres sont fermées depuis trop de temps. Être humain. Le bonheur est fait d'une addition de petites choses sans cesse renouvelées.
Il est tard et je suis fatigué, je vais prendre ma tisane, mon suppo et je vais aller dormir.
Arthur de la Rivaudière (2020-02)