Que faut-il faire de Benjamin L., le twerkeur des églises ?
C’est le nouveau scandale depuis quelques jours.
Ce mercredi 26 février 2022, Benjamin Ledig et Queen Paul, deux influenceurs, se sont illustrés sur une vidéo tiktok, où on les voit twerker dans une église, habillés en crop top.
L’action, résolument provocatrice, est simple à comprendre : provoquer le buzz pour gonfler leurs réseaux sociaux respectifs.
La foudre, ils savaient très bien qu’ils allaient se la prendre, mais c’était le but du jeu, car, comme disait Andy Warhol : « N'importe quelle publicité est une bonne publicité. »
Et ça n’a pas loupé. Indignation générale, menaces de mort, harcèlement massif remontant jusqu’à la famille des deux lascars et à leurs parents terrifiés.
L’un, Queen Paul, a vraisemblablement fait son mea culpa en supprimant la vidéo de ses réseaux, mais le second, lui, persévère dans l’offense et entraîne une avalanche de réactions.
Papacito hurlant qu’on « doit [lui] en mettre une. », Baptiste Marchais estimant qu’il aurait dû recevoir plus de claques dans la gueule, Rose Lucy qui avertit : « [tu vas te faire frapper [...] c’est toi qui te le souhaites […] aujourd’hui ta vie va changer. »
J’aurai pas dit mieux 😎 #benjamin #tiktok #eglise pic.twitter.com/Yjj1N7krLx
— Mυɢlerιzed 🐻 (@_muglerized) February 17, 2022
"La responsabilité c'est la sienne"
— TPMP (@TPMP) February 22, 2022
Affaire de la danse dans l’église : Benjamin Ledig face à Baptiste Marchais, youtubeur identitaire et catholique. #TPMP pic.twitter.com/YQ7WpdDZfH
Passons. Cet article résume l'essentiel.
Que penser de cette affaire ?
Beaucoup diraient : « y a pas mort d’homme. »
D’autres, dans le silence de leur cœur, souhaitent justement qu’elle se produise, et en concevraient une joie amère.
Les curés disent : « faut pardonner. » Mais le pardon à tout prix à des airs de lâcheté et de peu d’amour-propre, surtout face à celui qui persiste dans l’affront et ne s’excuse de rien.
Pour ma part, tout est devenu clair grâce à son passage sur TPMP.
Difficulté criante à articuler des phrases, à exprimer une réflexion construite et à maintenir son attention, jusqu’à en perdre le fil de sa pensée, contradictions à foison, personnalité superficielle et nombriliste (ce qui va bien à un porteur de crop top) ; nous avons là affaire à un pur produit de la génération Z biberonné au réseaux sociaux et à l’image de soi.
"La vérité, c'est une bêtise"
— TPMP (@TPMP) February 22, 2022
Affaire de la danse dans l’église : Benjamin Ledig prend à nouveau la parole dans #TPMP. pic.twitter.com/QGTulyqCfS
Les chrétiens, ulcérés à juste titre de servir continuellement de tête de pipe, voudraient bien lui casser la figure, mais cela n’est précisément pas très… chrétien. Cette réaction de colère, toute légitime qu’elle soit, est trop primaire, spirituellement basse. Pour autant, il n’est pas question de laisser couler.
Mais alors…
Que conviendrait-il de faire ?
Ce qui caractérise les provocateurs de la trempe de Benjamin L., c’est le manque d’empathie.
Ils ne comprennent pas la portée de leurs actes, les implications qu’elles peuvent avoir sur leur avenir ou sur leurs proches. Tout autocentrés qu’ils sont sur leur personne et sur le nombre de follows qu’ils engrangent, ils ne voient plus le monde que comme un marchepied pour leur fame. C’est une existence à courte vue, une existence de l’instant qui ne se projette pas sur le temps long.
De simples excuses de sa part n’y suffiraient plus puisqu’il s’est déjà servi de ce prétexte pour une nouvelle provocation .
Du point de vue de la justice, il n’y a rien à faire — ou seulement à le protéger. Nous ne sommes plus, Dieu merci, en théocratie, car les théocraties sont faites par des hommes, et l’homme est toujours sujet aux plus viles passions. En théocratie, effectivement, un Benjamin L. aurait déjà été mutilé. Est-ce vraiment ce que vous voudriez ? Vous sentiriez-vous vraiment bon devant son corps mutilé et ensanglanté, comme du temps de Babylone ou de Carthage ?
Non, il faut autre chose.
Il ne faut pas une punition, il faut le remettre dans le droit chemin.
Comment ?
C’est si simple que je m’étonne d’être apparemment le seul à y penser.
Il se moque des chrétiens ? Qu’il aille fréquenter ce qui se fait de plus chrétien. Non pas pour être puni, mais pour comprendre. Pour développer son empathie.
Lui qui s’est moqué des chrétiens sans aucune considération pour leur foi et la valeur à la fois religieuse et culturelle d’une église, qu’il aille dans un monastère du Béarn ou de la Creuse, non pas pour 10 pauvres minutes de prière insincère filmée sur téléphone comme preuve, mais pour un mois entier de dévotion ; à fréquenter les prêtres, à les écouter, à leur parler, à lire la Bible à travailler et prier avec eux.
À 18 ans on ne manque pas d’énergie, et les prêtres, eux, ne manquent pas de travail. Ils seront contents d’avoir des bras supplémentaires. Ce sera un échange gagnant.
Se lever à 5h du matin, travailler au champ, réparer des clôtures, faire brouter le bétail s’il y en a, pétrir le pain ; se reconnecter à la terre, à la vie simple, et à la source de la chrétienté, qu’il n’aura peut-être plus alors autant de désinvolture à moquer, puisqu’il l’aura côtoyée au plus près.
Le point le plus essentiel, c’est un sevrage complet d’internet, de téléphone et de réseaux sociaux, sans stories, reels ou tiktok pour se plaindre, se mettre en représentation ; rien, absolument rien pour nourrir son ego durant cette période.
Une véritable cure de désintoxication.
Voilà qui peut remettre n’importe quelle personne d’équerre. Bien plus que des baffes, voilà ce qu’un bon chrétien devrait vouloir pour ce jeune homme captif de la technologie, de son ego et de son image. La libération par l’ascèse.
En procédant ainsi, non seulement nous offririons à Benjamin L. l’opportunité de racheter sa faute, mais en plus nous lui donnerions l’opportunité de devenir un homme meilleur, plus sain, plus authentique.
Complément et conclusion
Je ne peux pas faire l’impasse sur le fait que ce jeune homme soit homosexuel, car certains ont une opinion encore particulière de ce genre de sexualité.
Que l’on s’entende : faire de lui un homme meilleur et le ramener dans le droit chemin, ça ne veut en aucune façon nier et lutter contre ce qu’il est. Il n’est à aucun moment question de corriger ou de guérir cela. C’est sa nature et il est bon et sain qu’il l’accepte.
Ce qui n’est pas sain, ce sont ses actes, c’est sa mentalité superficielle, son absence de surmoi, sa légèreté de valeurs, cause de la lourdeur de ses actions. L’idée, c’est que loin du brouillard et de l’agitation des réseaux, le désordre de son esprit s’aplanira, il retrouvera ses marques, il se frottera à un autre monde que celui qu’il a vraisemblablement toujours connu, un autre mode de vie, ce qui, mécaniquement, participera à ouvrir son esprit et son cœur à l’Autre.
N’est-ce pas une option bien plus chrétienne que n’importe quelle gifle, insulte ou menace de mort ?
Mais comme toujours, l’amour et la bonté sont toujours plus difficiles à mobiliser que la colère et la haine. Et cela, il est bien dommage de constater que ce soit toujours aussi difficile à comprendre, même pour ceux qui se prétendent religieux.
Paix sur tous.